Justine Reid
- 30 mars 2022
- 6 min de lecture

Choisir de reprendre mon souffle [BYE-BYE BOSS]

Novembre 2018. Je suis à bout de souffle. Je monte des escaliers et mon cardio ne suit plus. Je tente d'avancer dans ma carrière et je recule. Je suis en couple, mais au lieu de me sentir aimée, j'étouffe. Je suis perdue. Ma tête bourdonne sans arrêt. Les migraines s'enfilent, s'empilent, oserais-je dire. Je ne me reconnais plus. Qui suis-je au beau milieu de cette vie qui va trop vite, qui me bouscule. Où vais-je? Cette question me donne envie de vomir. Où vais-je?

Je suis si perdue. Déconnectée de mon GPS intérieur (mon intuition) qui m'avait pourtant toujours tellement servie, guidé. Depuis quelques années, je le tais. Je l'étouffe. Je m'étouffe. À force de vouloir être ce que je ne suis pas et tenter de plaire à ceux à qui finalement... je n'avais pas du tout à plaire. Je craque. Ou devrais-je dire : J'EXPLOSE. 22 ans. Malheureuse. Vide. Obèse selon les médecins. Dépressive. Perdue. Égarée.

Rien d'aligné. Rien qui ne fasse aucun sens. Mon seul issu : tout détruire pour mieux reconstruire. D'un coup de dynamite. BOUM. Je signe la fin d'une partie de ma vie qui demeure à ce jour nébuleuse et embrouillée pour faire place à la lumière (qui se frayera un chemin, rayon par rayon sur le chemin de mon existence.)

Je choisis à ce moment-là de mettre derrière moi:

- Mon chum (de l'époque) et mon appartement que j'adore.

Ça été le premier "move" d'une longue série.

2019 arrive. Et j'osais espérer que ce changement serait suffisant. Laisse-moi te dire que j'avais tort. Il ne me suffisait pas de changer d'environnement. Il allait falloir construire un nouvel environnement : ma tête, mon corps, mes habitudes... et mon travail. Au fond de moi, j'ai toujours su que j'allais être "à mon compte". Si on remonte à ces années-là, je suis directrice chez Tupperware, j'ai bâtis mon équipe... qui bat de l'aile, car je suis une leader absente. Ma tête est tout sauf avec elles. Je suis en pleine reconstruction et en quête de découverte de la femme que je suis.

Aussi, j'occupais un poste d'environ une trentaine d'heures dans un service traiteur. C'était bien. Sauf que c'était "pas ça". Je ne savais pas encore ce que c'était, ce que ça allait être. La seule conviction que j'avais : ce n'était pas ça. Tu me diras que d'un point de vue "mental" et rationnel c'est pas super éloquent et... TU AS RAISON. C'est possiblement ce qu'on pensé mes parents quand je les ai appelés pour leur annoncé que j'avais DÉMISSIONNÉ et que je faisais le choix de ne plus mettre mon équipe Tupperware sur le respirateur artificiel juste pour "faire mes chiffres." J'espère qu'ils étaient assis. Parce que connaissant leur fille (au tempérament pas full économe, ils savaient bien que je n'avais pas des milles et des milles devant moi pour me "revirer" de bord... oups). Le saut était fait. Je n'avais plus d'emploi... jusqu'à ce que mon père "me force" à m'en trouver un. Ça fait que je suis retournée travailler dans un magasin de vêtements... 3 jours. Jusqu'à ce que ma "formatrice"/collègue de travail de 16 ans me regarde droit dans les yeux et me dise : "Qu'est-ce que tu fais ici, tu es clairement trop compétente pour plier du linge?" Et elle avait raison. Je ne suis plus rentré travailler le lendemain. Qui que tu sois. Si un jour tu tombes sur ce texte, sache que tu as en partie changé ma vie. Ça me prenait un plan. Mes critères "que ça ne soit plus ça" et "Être mon propre boss". Clair? Non. Mettons que tu ne vas pas loin en présentant cela à une banque héhé. Traiteur. Je connais ça. J'ai de l'expérience. Je sais comment aller cuisiner chez les gens (je le faisais lors de mes ateliers Tupperware). 1+1+1+1... Ça a donné Confections Gourmandes.

On est ici en mai 2019.

J'amasse quelques contrats. Les choses vont plutôt bien ! Soirée Chef à domicile, petits évènements, repas de semaine. Je me plais dans ma nouvelle activité. (Bientôt je te raconterai de savoureuses anecdotes concernant mes débuts.) Ça va de revirement en revirement (t'en reviendrais pas hihi).

13 mars 2020. BOUM.

Évènements cancellés. Clients qui vivent de l'insécurité avec leur salaire donc choisissent de ne plus commander de repas... Qu'allais-je faire? Une chose qui me rassurait à ce moment-là, c'est que j'avais fait le choix (un autre tient) de piler sur mon orgueil et de retourner chez maman, papa à l'été 2019. C'était ça où continuer de manger des sandwichs aux tomates et des pâtes au beurre (true story). Si tu connais mes parents, tu sais qu'ils sont incroyables et dévoués. Si tu ne le savais pas... je te l'apprends. On choisit (ma famille et moi) alors de se retrousser les manches. De créer des forfaits le fun pour nos clients, d'offrir la livraison gratuite (quel bon prétexte pour sortir de chez soi en confinement). De créer de la joie en faisant des Lives Facebook en famille. Mon confinement a été une période de ressourcement. De plaisir et de défis.

Crée-le, crée-le pas... Quelque part à Laval, y'a des parents qui ont accepté d'avoir un 3e frigo dans leur... SALON.

Trop de commandes. Pas assez d'espace pour entreposer... voilà ce que ça a donné.

Gentils, fous, présents... à toi de décrire Manon et Stéphane (mes parents hihi). Ça été tout une affaire de fou comme dirait mon chum (que je ne connaissais pas encore à ce moment).

En juin 2020, j'amorce alors un retour aux études via ZOOM... Mon ASP en entrepreunariat pour me permettre "d'ouvrir mon service traiteur". Gonflé à bloc. Motivée et déterminée. Je me dis "Let's go championne, t'es capable tu vas l'avoir ta Buisiness de rêve. "

Ça fait que j'ai fais un autre choix... celui de me louer un local commercial. Yeah super. Bon. Si tu connais l'histoire, tu sais qu'à ce jour... JE N'AI PAS DE SERVICE TRAITEUR. Cette épopée a durée quelques mois (été et automne 2020). Je vais te résumer ça courtement et te garder les détails pour un prochain blogue, disons que la vie m'a envoyé un SHITLOAD d'obstacle pour me décourager d'entreprendre ce chemin et avec RAISONS. J'appelle ça des cônes orange ou les fameux "red flags" qui nous disent "ne vas pas plus loin". Y'en a eu une quantité astronomique... que j'ai pas écoutée. Oups. Re-oups. C'est dans cet période qu'entre dans ma vie Gabriel. Il comprend rapidement que mes affaires ne font pas de sens. Que j'essaie de bâtir une entreprise lucrative sans avoir une éducation financière solide. Que je doute de moi comme ça a pas de sens... Sa venue dans ma vie m'a amené à me questionner, à m'arrêter et à m'écouter. Pour mieux réorienter ce que j'avais envie de faire / créer.

2021 a été une année de découvertes. Découvrir l'univers du web et ses possibilités. Découvrir la femme que j'étais devenue, le souffle qui reprenait place dans mon corps. La légèreté tant au niveau mental qu'au niveau physique qui s'installait dans mon quotidien. J'ai reconnecté avec mes passions : la cuisine, la joie, les enfants et surtout les communications. J'avais envie de te jaser de ça aujourd'hui, parce que ça fait 3 ans que j'ai dit "BYE-BYE BOSS". Que des obstacles il y en a eu (plus que je ne t'en ai énuméré), qu'il y en aura encore et qu'à chaque fois j'en ressors VRAIMENT plus forte.

Je suis retournée quelques mois sur le marché du travail l'été dernier "pour me permettre de reprendre le dessus et de respirer". Je me suis permis de réorienter, de changer la destination dans mon GPS intérieur.

Je me suis accordé des temps de repos. Et surtout, je me suis assurée que ce soit "ça". Aujourd'hui. 30 mars 2022. Je peux te confier que c'est ça. Que c'est ça et plus encore. Que j'y crois. Que je suis heureuse avec moi et avec les autres. Que ma carrière me nourrit et que de jour en jour j'ai envie de créer une existence qui sera ÇA quotidiennement. Savoir que je peux désormais faire la différence chez quelqu'un en utilisant la cuisine comme prétexte. Savoir que je peux inspirer. Savoir que je peux faire la différence. C'est ÇA, qu'il me fallait. Bisouxxxxx